Retour sur

Art et liturgie. Une rencontre avec Jean-Charles de Castelbajac

Retour sur l’intervention du P. David Sendrez aux côtés du célèbre styliste : un regard vif sur la beauté, la liturgie et le dialogue entre Église et artistes

David Sendrez ISTA ©Isaure_DELEPOULLE
Invité du Festival Santos 2025, le P. David Sendrez, prêtre, théologien et directeur de l’Institut Supérieur de Théologie des Arts (ISTA), Faculté de Théologie de l’ICP, a participé à une table ronde consacrée aux liens entre l’Église et la création artistique contemporaine.
 

 
Une rencontre au cœur du Festival Santos

Lors de l’édition 2025 du Festival Santos, grand rassemblement national de l’Église catholique pour les 25–35 ans, le P. David Sendrez a dialogué avec :
  • Jean-Charles de Castelbajac, créateur et artiste engagé notamment dans la paramentique de Notre-Dame ; il a été chargé de la création des nouvelles tenues liturgiques pour 700 personnes à l'occasion de la réouverture de la cathédrale
  • Caroline Morizot, responsable de conservation et spécialiste des commandes contemporaines ;
  • devant un public nombreux réuni à Saint-Pierre de Montmartre.
Le thème : « Artistes et catholiques : comment résoudre le malentendu ? – L’exemple de Notre-Dame »

 
Le P. David Sendrez : une parole structurante sur l’art, la beauté et la liturgie

Directeur de l’ISTA, théologien, mais aussi fin connaisseur du monde artistique, le P. David Sendrez a apporté au débat un éclairage profondément théologique, incarné et pédagogique.  
 
L’ISTA est un lieu de formation, de recherche et d’expertise du dialogue entre art et théologie, du patrimoine religieux, de la création contemporaine, de l’expérience esthétique et spirituelle.
Il a pour objectif de former aux capacités à penser théologiquement l’expérience artistique, développer un discernement esthétique, approfondir la dimension spirituelle de l’art, familiariser avec le patrimoine religieux, initier à la création contemporaine.  
 

Penser l’art « sacré » : un mot problématique

« Il y a une raison théologique en particulier pour laquelle je suis, moi, mal à l'aise avec l'expression Art Sacré : dans le fonctionnement du mot sacré, le mot sacré appelle un fonctionnement de séparation... Or, l'événement chrétien par excellence subvertit tout ça : c'est l'incarnation du Verbe. »

Le P. Sendrez rappelle que l’art chrétien relève plutôt de l’art liturgique, enraciné dans l’Incarnation, la communauté et la prière.
 

Artistes et communautés : une “mutuelle modération”

« Autant l’artiste a une totale licence formelle dans ses explorations personnelles, autant quand il va produire de l'art pour la liturgie [...] il faut aussi qu'il puisse entendre le besoin d'une communauté qui va prier et qui va utiliser les objets. »
  
Un appel fort au dialogue, à la co-construction, à l’écoute réciproque.
 

Une lecture théologique puissante de l’art contemporain

Le P. Sendrez est revenu sur la question du « beau » et du « joli », citant notamment le retable d’Issenheim :
« Ce Christ est laid … Il est beaucoup plus beau en n'étant pas joli, parce qu'il dit beaucoup plus ainsi. »
Et d’ajouter :
« Peut-être qu'il y a dans l'art contemporain… un accès à une beauté paradoxale, qui nécessite une certaine foi pour être vue. »
 

L’Église et les artistes chrétiens : une mise au point

À propos de l’idée d’avantager les artistes croyants dans les commandes :
« Ce n’est pas parce qu’un artiste est chrétien que ce qu’il fait a une valeur artistique… Ce n’est pas suffisant. »
« Parfois, on est confronté à des artistes qui sont amers […]. Leur production ne porte pas forcément une audace ou une nouveauté formelle. »
 

Une vigilance contre l’entre-soi artistique chrétien

« Personnellement, je n'y suis pas favorable… On va très vite aller vers de la propagande, vers de l’art institutionnel… L’existence chrétienne nous pousse à plus d’audace. »
 

Jean-Charles de Castelbajac : la contrainte, source de création

« On m’a interdit de dessiner… Il m’est arrivé quelque chose de troublant : je suis gaucher et j’ai saisi de ma main droite comme Matisse des ciseaux… De cette contrainte est né quelque chose d’extraordinaire. »
« Je voulais parler à une génération en marche… utiliser les techniques du sweatshirt… pour propager une image qui soit un signe. »
 
Un témoignage puissant sur la création de la paramentique de Notre-Dame.

Caroline Morizot : contextualiser, dialoguer, former

« Il faut des espaces de médiation… sinon il y a incompréhension. »
« Une œuvre dans une église participe à un tout… elle doit faire vivre une expérience sensible. »
 
Elle rappelle l’importance de la formation du clergé au patrimoine comme à la création contemporaine.
Publié le 6 novembre 2025 Mis à jour le 18 novembre 2025

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