Retour sur le voyage d’étude à Londres : quand la Bible prend vie
Les 17 et 18 juin derniers,
l’Institut des Sciences Bibliques (ISB) de l’ICP a emmené une trentaine d’étudiants en
théologie et en
lettres à Londres pour un voyage d’étude inédit, entre
découverte patrimoniale et immersion scripturaire.
Guidé par quatre enseignantes en exégèse biblique et en histoire de l’art, le groupe a exploré les trésors du
British Museum et de la
British Library dans une atmosphère à la fois studieuse et conviviale.
©E.Pastore
Parole d’étudiante : “De la Bible avant toute chose”[1]
Mardi 17 juin, 11h30. Sous un soleil radieux, nous arrivons au British Museum. Direction les
salles assyriennes, avec
Sophie Ramond, notre guide passionnée et érudite. Une phrase d’Isaïe me trotte en tête : «
La quatorzième année du règne d'Ézékias, Sennachérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortifiées de Juda et s'en empara. » (Is 36,1)
©E.Pastore
Devant les bas-reliefs du palais de Sennachérib, illustrant la prise de Lakish, nous restons figés, happés par la violence de la scène :
les machines de guerre, la férocité des soldats, la brutalité du pouvoir. «
Ces Assyriens me terrifient », murmure Romain, l’un des étudiants.
Le lendemain,
Emanuelle Pastore, responsable de l'Institut des Sciences Bibliques, nous guide dans
les galeries égyptiennes.
En admirant la riche chambre funéraire de hauts dignitaires locaux, nous songeons à Joseph, l’oncle d’Amérique, fortuné
[2], majordome de Pharaon.
Nouveau bond temporel. Illustration du grandiose récit de Mt 25, le Jugement dernier, sculpté au tympan des églises romanes, n’est-il pas l’écho de la pesée des âmes dans l’au-delà représentée par le papyrus de Hounefer au 13
e siècle avant notre ère ?
©E.Pastore
Un fil d’Ariane érudit et captivant
La professeure
Béatrice Oiry nous plonge dans
l’univers mésopotamien, de Gilgamesh à l’étendard d’Ur. Devant cette pièce splendide, décorée de scènes de guerre et de banquet, nous découvrons
le raffinement d’une civilisation ancienne – mais aussi une réalité plus sombre : l’objet accompagnait le défunt dans l’au-delà, entouré de ses serviteurs sacrifiés.
Dans les salles consacrées au Levant et à la Grèce,
Caroline Arnould-Béhar éclaire les objets par des passerelles subtiles entre cultures antiques et textes bibliques.
Chaque vitrine devient un point de rencontre entre Histoire et Révélation.
©E.Pastore
Le choc du Codex Sinaïticus
Avant de repartir, nous avons la chance de contempler à la British Library
le Codex Sinaïticus,
l’un des plus anciens manuscrits complets de la Bible, écrit en grec au IV
e siècle. L’émotion est palpable. Ce témoin précieux, préservé à travers les siècles, suscite un respect silencieux. Il inspire, aussi, de jeunes vocations de chercheurs.
©E.Pastore
Deux journées fraternelles, riches de sens
Au-delà des savoirs transmis, ce voyage a tissé des liens. Les échanges ont été nourris, joyeux, parfois inattendus.
Comme Jacob à Béthel, nous pourrions dire : «
En vérité, le Seigneur est ici, et je ne le savais pas ! » (Gn 28,16).
Ce voyage, à la fois spirituel et intellectuel, a permis à la Bible de quitter les rayons des bibliothèques pour «
courir sur les routes du monde », selon l’appel du pape François aux biblistes[3].
Cette belle initiative sera naturellement renouvelée !
©E. Pastore
[1] VERLAINE, Paul, Art poétique « De la musique avant toute chose » dans le recueil Jadis et naguère (1885)
[2] SKA, Jean-Paul, L’Ancien Testament expliqué à ceux qui n’y comprennent rien ou presque, Bayard, 2021, p.51.
[3] Discours du pape François aux participants au congrès international organisé par la Fédération Biblique Catholique, 26 avril 2013.