Ethique et soin : se former pour retrouver le sens de ses gestes et de ses actes

Valérie Mollière a suivi le parcours du diplôme universitaire d’Éthique. Soin et santé dans une société pluraliste. Accompagner, discerner, décider ouvert en 2022.
Elle fait partie de la première promotion de ce cursus. Elle revient sur cette année de formation.

Quels déclencheurs ont motivé votre besoin de formation ?

En tant qu’infirmière en soins généraux, puis infirmière coordinatrice en EHPAD, j’ai toujours considéré essentiel dans le soin d’envisager le patient dans sa globalité, de développer, parallèlement à l’acte technique, une approche centrée sur l’humain comme j’en témoigne dans mon livre L’Âge Fragile.

Les personnes en état de grande vulnérabilité, qui me sont confiées et vis-à-vis desquelles ma responsabilité de soignante se trouve convoquée, me soumettent à des dilemmes éthiques souvent complexes. Dans le cadre des décisions que j’ai eu à prendre, j’ai dû très souvent faire des choix qui ne correspondaient pas à la vision que j’avais du soin et aux valeurs qui étaient les miennes. Cette absence de congruence, ce manque d’éclairage m’ont éloignée peu à peu du soin, à tel point que je n’ai plus trouvé de sens dans mes pratiques.

Après le tournage du film Les Âmes Fortes de l’Âge Fragile, réalisé par Loïck Coriou en 2019, dans lequel est mis en lumière le besoin de formation des professionnels et la nécessité qu’ils acquièrent des compétences dans cet art si complexe qu’est le soin, je suis devenue, en 2022, Formatrice-Consultante.

Si cette certification m’a donné les outils pour faire monter en compétences les professionnels de l’accompagnement et du soin, il me manquait encore de quoi nourrir leur capacité à s’occuper d’autrui et à lui porter attention.
 

Se former, une évidence ?

J’avais besoin, pour y parvenir, d’aller moi-même me ressourcer au cœur du Care, de retrouver le sens de mes gestes et de mes actes par un questionnement individuel plus approfondi et de le confronter au regard des autres, non seulement celui de mes pairs mais également celui de ceux qui ont fait le choix, comme les soignants, de penser et de porter les valeurs humanistes, les seules capables de muer les êtres humains les uns vers les autres dans le respect et la réciprocité.

J’en avais d’autant plus besoin que j’acceptais de moins en moins que la fragilité soit, chez certains, une aubaine pour la force et le pouvoir, qu’ils puissent l’utiliser à des fins spéculatives ou financières.
 

Pourquoi avez-vous choisi cette formation ?

J’ai donc décidé de suivre une formation d’éthique, non seulement pour m’aider à penser et à décliner la citoyenneté au quotidien, éclairer mon jugement mais également faire des choix et prendre des décisions éthiques les plus ajustées possibles face aux situations rencontrées.

Si je me suis inscrite au DU d'éthique. Soin et Santé dans une société pluraliste, proposé par le Theologicum - Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses et le Centre Sèvres - Faculté jésuites de Paris, c’est parce qu’il était le seul à offrir une formation à l’éthique dans un cadre pluraliste. Ce programme unique, pas tant grâce à la pluralité des regards que par la diversité des parcours de vie et d’engagement de ses différents membres, mêle de façon équilibrée apports philosophiques, médicaux, théologiques et spirituels afin de mieux répondre aux défis de notre société.

En facilitant la réflexion collégiale entre professionnels médicaux et du médico-social, aidants, aumôniers, prêtres, sœurs, bénévoles, aidants non professionnels, les enseignants de ce DU d’éthique, eux-mêmes pluralistes par leur formation et leur engagement, nous ont ainsi permis de développer une vision globale et pas uniquement soignante, une approche multi-dimensionnelle à l’image de ce qu’est l’humain.
 

Que vous a-t-elle apporté ?

Après six mois de formation, à raison de 2 jours par mois, ce qui permet le maintien d’une activité professionnelle à temps plein, je ressors de cette formation grandie et enrichie grâce aux apports théoriques et aussi par les temps d’échanges, de réflexion collective et individuelle. Grâce au contenu et la qualité des enseignements, la disponibilité et l’écoute de l’équipe enseignante, j’ai retrouvé le sens perdu de mes pratiques, au point que j’ai repris un poste d’infirmière coordinatrice au sein d’un EHPAD, plus que jamais convoquée dans ma responsabilité de soignante et de citoyenne à porter un projet de société à la hauteur de ce en quoi le Care nous engage.


Le Diplôme Universitaire d’éthique. Soin et santé dans une société pluraliste. Accompagner, discerner, décider a pour objectif de répondre de façon interdisciplinaire aux défis de la réflexion et de la pratique en s’inspirant d’un humanisme nourri d’une longue tradition philosophique et religieuse, en particulier catholique. Il permet d’acquérir des connaissances et des compétences sur les grands principes et les fondements du discernement éthique en vue de les mobiliser dans la délibération et dans la prise de décision en situation complexe.

Il a été créé par le Theologicum - Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses et le Centre Sèvres - Faculté jésuites de Paris en partenariat avec :