Portrait

Une nouvelle directrice pour l'Ecole des langues et civilisations de l'Orient ancien

Anne-Catherine Baudoin prend la direction de l'ELCOA. Elle partage sa passion pour les langues et civilisations de l’Orient ancien, un héritage vivant qui éclaire encore notre présent.

Anne Catherine Baudoin ©ICP
À la rentrée 2025, Anne-Catherine Baudoin prend la tête de l’École des langues et civilisations de l’Orient ancien (ELCOA) (Faculté de théologie de l’ICP).
 
Diplômée de l’École Normale Supérieure, agrégée de lettres classiques et chercheuse passionnée par le Nouveau Testament et les traditions qui s’y rattachent, elle enseigne à l’ELCOA depuis plus de dix ans.
Avec enthousiasme, elle nous parle de son parcours, de sa vision pour l’école et de l’actualité brûlante… des civilisations les plus anciennes.

Pouvez-vous nous décrire l’ELCOA ?

C’est l’École des langues et civilisations de l’Orient ancien, fondée en 1878, donc très contemporaine de la fondation de l’ICP. On y enseigne les langues anciennes, de l’akkadien au copte en passant par le grec biblique, l’hébreu, le syriaque…, et les civilisations dans lesquelles elles ont été vivantes. Attention, je ne supporte pas l’expression « langues mortes », elle me donne juste envie de prononcer une oraison funèbre. Ce que nous faisons, c’est lire les sources originales, comprendre les civilisations et apprécier la manière dont elles ont construit le monde d’aujourd’hui.
 

Pourquoi une école consacrée à des langues qu’on ne parle plus ?

Parce que ces langues, on les lit encore, et surtout elles nous parlent ! Elles racontent nos racines, nos croyances, nos imaginaires.
Les fondateurs de l’ELCOA l’avaient bien compris : ils étaient convaincus que la connaissance de l’Orient ancien pourrait éclairer de manière décisive les études bibliques, en montrant le déploiement du mythe du déluge ou la culture babylonienne découverte par les Hébreux en exil, par exemple. Comprendre un texte biblique en grec ou un contrat en akkadien, c’est comme retrouver les premières pages de l’histoire humaine. Et, croyez-moi, elles sont pleines de rebondissements !

Parlez-nous de votre parcours.

J’ai intégré l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 2002, puis j’ai obtenu l’agrégation de lettres classiques. Après un volontariat à Saint-Étienne, avec une association ignatienne, j’ai passé un an à Cambridge puis préparé ma thèse à l’École pratique des hautes études, sur la construction de la figure de Pilate dans la littérature chrétienne ancienne. Cette étude du Pilate de la Passion a fait naître une passion pour Ponce Pilate !

Avez-vous d’autres passions ?

Oui, l’enseignement ! J’aime le contact avec les étudiants, j’aime construire un cours en me demandant comment faire passer les éléments essentiels, et j’aime autant apprendre que faire apprendre. J’ai enseigné pendant dix ans à Normale sup’, en sciences de l’Antiquité, puis j’ai été Maîtresse d’enseignement et de recherche à la faculté de théologie de l’Université de Genève, en Nouveau Testament et christianisme ancien. Mais j’enseigne aussi à l’ELCOA depuis 2012.

Et vous continuez la recherche ?

Bien sûr. Ce qui me passionne, c’est la manière dont les personnages du Nouveau Testament s’émancipent du texte biblique dans la culture des différentes époques. Le fait qu’un nicodémite au XVIe siècle soit un protestant de cœur mais catholique de façade, comme le « disciple de nuit » que fut le Nicodème de l’évangile de Jean ; le fait que Joseph, le silencieux époux de Marie, devienne un modèle des pères des familles, des ouvriers et finalement des soignants pendant le Covid ; le fait que pour tout un chacun les mages sont rois et se nomment Gaspard, Melchior et Balthazar : j’étudie ces personnages dans leur environnement d’origine, les évangiles, et l’histoire de la construction de ces figures.

Quelles sont les formations proposées à l’ELCOA ?

Nous proposons une Licence, un Master en codiplomation avec l’Université catholique de Louvain, et un Diplôme universitaire approfondi, équivalent au Master. On peut aussi suivre à la carte des cours mêlant linguistique, histoire, civilisation, philologie. Les étudiants viennent pour un semestre, trois ans ou plus, et certains ne repartent jamais vraiment… Le goût pour l’Orient ancien est tenace.

Et côté ambiance ? N’est-ce pas un peu poussiéreux ?

C’est complètement dépoussiéré ! C’est passionné, vivant, curieux. On voyage entre Babylone, Jérusalem et Alexandrie en une semaine, on débat de syntaxe syriaque autour d’un café, on échange avec des collègues de l’INALCO, de l’EPHE, de l’ENS, de Louvain ou de Münster.
 
Le passé est ancien, mais la recherche, elle, est bien vivante.

Qu’est-ce qui change pour vous en devenant directrice ?

Je passe de l’aventure individuelle à la navigation collective. Mon rôle, c’est de maintenir l’excellence, d’attirer de nouveaux curieux, et de montrer que l’Orient ancien n’est pas un musée figé, mais un terrain de jeu intellectuel où tout le monde peut s’émerveiller et trouver l’envie d’aller plus loin.
 
2025-2026 sera une année pleine de nouveautés ! De nombreux projets seront annoncés rapidement pour encore mieux accueillir et mieux former nos étudiants.

Un mot de conclusion ?

Si vous rêvez de lire des inscriptions vieilles de trois mille ans, de comprendre les débats théologiques du IVe siècle, ou simplement d’épater vos amis avec une citation en hittite sur votre profil en ligne… l’ELCOA vous attend. 
   
Publié le 26 août 2025 Mis à jour le 27 août 2025

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