Portrait

Rencontre avec Michaël Bourgatte, directeur de l'équipe de recherche "Médias, Images et Technologies"

Le numérique est aujourd'hui omniprésent dans la vie de chacun, nous devons tous faire face à un flux d'informations continu par le biais de différents canaux. Comment démêler les vraies informations des fausses ? Comment réussir à prendre du recul ? Michaël Bourgatte nous donne des clés pour mieux comprendre.

Michael Bourgatte
Michaël Bourgatte, Directeur du département Lettres-Information-Communication à la Faculté des Lettres, est également Responsable de l'équipe de recherche "Médias, Images et Technologies" et acteur engagé au sein de la Chaire Numérique et Citoyenneté. Il sensibilise les différents publics qu'il rencontre au numérique, pour les accompagner vers une meilleure utilisation et leur permettre d'avoir le recul nécessaire.

Il revient sur son parcours et ses travaux de recherche.
 

Digitaliser les enseignements de l'ICP

J’ai été recruté à l’Institut Catholique de Paris en 2013 avec une mission : digitaliser les enseignements et les espaces de cours. Dans un premier temps, j’ai fondé un service appelé l’Atelier du numérique (ADN) et je me suis entouré d’une équipe.

Parmi nos principales réalisations, on compte 3 formations en ligne sur : 
  • la géopolitique de la Chine ;
  • le droit canonique  ;
  • le numérique éducatif.
Nous avons aussi travaillé sur la refonte de l’Espace numérique de travail (ENT) de l’ICP (formation.icp.fr) ; la formation de plusieurs dizaines d’enseignants aux pédagogies en ligne ou hybride (dans un mix de présence et de distance) ; l’aménagement de salles d’innovation et du Plateau ; la rénovation du musée Edouard Branly ; la participation au projet de recherche Erasmus+ sur le numérique éducatif ANGE.


 

La création de l'équipe de recherche "Médias, Images et Technologies" au sein du Pôle Cultures et Humanités de l'Unité de Recherche "Religion, Culture et Société" (EA 7403)

Le numérique tient une place de choix à l’ICP : que ce soit dans nos maquettes d’enseignements, en information-communication, en sciences politiques, en éducation, en théologie, etc., ou dans nos recherches. Plusieurs collègues sont d’éminents spécialistes, des thèses sont en cours, à quoi il faut ajouter la création récente de la Chaire Numérique & Citoyenneté.

L’analyse des médias et des images tient également une place importante au sein de notre institution, encore une fois en information-communication, mais aussi en histoire de l’art, par exemple. Il me semblait donc essentiel de créer une équipe de recherche en lien avec ces questions.

Récemment habilité à diriger des recherches, je me suis donc proposé pour prendre la direction de cette équipe de recherche.

 

Le numérique, une réponse aux enjeux contemporains ?

L’atelier « Prendre soin du numérique » de la Chaire Numérique et Citoyenneté prend la forme d’un séminaire mensuel en ligne.
Il réunit, chaque mois, plusieurs dizaines de collègues intéressés par des questions numériques que l’on croise avec d’autres sujets comme l’inclusion, l’écologie, la santé, le pouvoir d’agir…
Cela fait 2 ans que nous co-animons ce séminaire avec Vincent Puig, qui est doctorant en philosophie à l'ICP, mais qui est surtout un collaborateur avec lequel je travaille depuis plus de 12 ans.

Le numérique nécessite d’être au centre de l’attention et de nos recherches, car il pose les fondements d’un nouveau stade de l’humanisme et ordonne, à sa manière, notre rapport au monde.

 

Comment le numérique impacte la société

Cette année, j’ai pris la direction du département Lettres/Information-Communication. Le grand événement scientifique que nous portions était le montage du colloque Violences et médias, qui a traité des violences médiatiques contemporaines comme l'organisation d’attentats en ligne, le cyberterrorisme ou encore la couverture médiatique des violences faites aux femmes.

Ce colloque a constitué la première étape d’un cycle de recherches que nous inaugurons sur cette thématique, à la fois au sein du département, mais aussi avec l'équipe de recherche « Médias, Images et Technologies ».

Il nous apparaît clairement que les nouveaux médias numériques ne peuvent pas être analysés de façon aussi manichéenne qu’on veut bien nous le faire croire. Le temps (long) de la recherche doit donc accompagner une nouvelle manière de saisir les technologies et de faire société autour d’elles. Je suis fier, en tout cas, que notre institution ait su prendre à bras le corps cette question des technologies ces dernières années. Personnellement, je me suis toujours senti très soutenu et encouragé.

 

Dans le flux continu d’informations, comment nous protéger et décrypter le vrai du faux

L’information est toujours plus dense et elle circule toujours plus rapidement depuis l’avènement du numérique. C’est un fait. Mais les spécialistes des médias – dont je suis – le savent : la première chose qu’il faut faire, c’est de bien identifier les sources et les canaux de circulation de l’information. Les médias traditionnels notamment (presse écrite, radios…) continuent de remplir une fonction essentielle d’authentification et de mise en résonance de l’information. Mes recherches les plus récentes sur la question de notre rapport au monde animal le montrent.

Il faut continuer à faire confiance aux médias, aux journalistes. Beaucoup de nos étudiants se destinent à ces métiers. En ce sens, je les incite à lire assidument la presse, croiser les sources, développer un esprit critique et débattre.
 
Michaël Bourgatte est Docteur en sciences de l’information et de la communication de l’Université d’Avignon, HDR de l’Université Paris Sorbonne Nouvelle Paris 3, chercheur associé à l’IRCAV (EA 185), il est spécialiste des questions liées à la communication vidéo, l’empowerment, les médias, le numérique et les technologies.
Publié le 11 juillet 2022 Mis à jour le 13 mars 2024

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