Monseigneur Aveline est connu en particulier, en tant que proche du pape François, pour avoir été l'initiateur de la venue du souverain pontife à Marseille en septembre 2023. Il succédera à Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort à la tête des évêques de France à l'été 2025.
Il a étudié à l'ICP et obtenu une licence canonique de théologie et un doctorat canonique de théologie au sein du Cycle des études du doctorat.
Il partage ses souvenirs des enseignements reçus au sein de la Faculté de théologie et de ses rencontres avec de grands professeurs.
Monseigneur, que retenez-vous de votre passage à l’ICP ?
Je suis arrivé à l’Institut catholique de Paris en 1980 pour étudier la
théologie, après deux premières années de séminaire à Avignon et une année de service militaire à Issoire.
J’ai obtenu ma
licence canonique de théologie en 1986, puis mon lien avec l’ICP s’est poursuivi dans le cadre d’un
doctorat conjoint – c’était alors une nouvelle formule - entre l’Institut catholique de Paris et l’Université Laval à Québec.
Je garde un souvenir ému de la soutenance de ma thèse en 2000 dans la salle des Actes : de nombreux invités étaient présents, au premier rang desquels des professeurs de grande qualité.
Plusieurs d’entre eux ont marqué ma vie. Je pense notamment à Joseph Doré, Claude Geffré, Michel Corbin ou encore Jean Greisch.
La qualité intellectuelle de leurs enseignements, leur disponibilité, l’accompagnement tutoral qu’ils nous offraient étaient exceptionnels.
J’eus aussi la chance de participer à un
voyage d’études en Chine en avril 1991, avec les grands pontes de la « Catho » de Paris comme Charles Perrot, Dominique de la Maisonneuve, Joseph Doré. Nous avions été reçus à l’Université de Pékin, avions visité des sites historiques, une petite communauté clandestine sur les rives du Yang-Tsé-Kiang et les Jésuites d’Hong-Kong, qui était encore britannique.
Un dernier souvenir marquant me revient : la venue de Hans Urs von Balthasar dans le cours de Joseph Doré !
Pourquoi avez-vous étudié à l'ICP ?
C’est mon évêque, le cardinal Etchegaray, qui m’y avait envoyé. Je ne savais même pas ce qu’était un « Institut catholique » jusqu’à ce qu’il m’en parle !
Les premières années à Paris ont été rudes pour le jeune Marseillais que j’étais, mais j’y ai finalement été très heureux. Je résidais au
Séminaire des Carmes.
Cette organisation (vie au séminaire et études à la Faculté) m’offrit, d’une part,
un cadre d’études très ouvert puisque la Faculté accueillait de nombreux étudiants laïcs, hommes et femmes, et d’autre part, un lieu de vie communautaire au séminaire.
Mon supérieur était alors le père Paul Bony, que j’ai retrouvé ensuite à Marseille, avec qui j’ai collaboré durant de longues années, d’abord comme formateurs au grand séminaire de Marseille, puis comme professeurs à l’Institut de sciences et théologie des religions de Marseille, et qui va bientôt fêter son 101e anniversaire ! Je lui dois beaucoup !
Durant ces années parisiennes, j’ai aussi vécu une très instructive
expérience d’insertion pastorale à Villejuif, dans le Val-de-Marne : cette heureuse combinaison m’aida à
comprendre le lien incessible entre la recherche théologique et la vie du peuple de Dieu.
Comment pourriez-vous caractériser la pédagogie et les enseignements que vous avez reçus à la Faculté de Théologie ?
J’ai beaucoup aimé l’
alternance entre des enseignements magistraux de très grande qualité d’un côté et, de l’autre, des
travaux dirigés en plus petits groupes travaillant sur des corpus limités ou sur des cas concrets. Je me souviens en particulier des cours si profonds de Xavier Thévenot en théologie morale ou de ceux de christologie patristique, avec Joseph Wolinski.
La
diversité des propositions était telle que j’ai pu également passer un diplôme d’hébreu avec Jean Lévêque, un diplôme de grec avec Maurice Carrez et un certificat d’araméen avec Pierre Grelot. En plus de la
qualité de l’enseignement et de la variété des méthodes, je retiens la
richesse des outils mis à notre disposition, comme la
Bibliothèque œcuménique et scientifique d'études bibliques (Boseb), la bibliothèque de la « Catho » elle-même ou encore celle du Séminaire, dont j’ai été, pendant quelques années, l’un des deux responsables, avec Jean-Louis Balsa, mon voisin de chambre, devenu aujourd’hui archevêque d’Albi.
L’autre voisin, Joseph Ndi’Okalla, est devenu, quant à lui, évêque de Mbalmayo au Cameroun. J’ai pu conserver des liens étroits avec des séminaristes venant d’autres pays (Pologne, Liban, Allemagne, Tchad, …).
Cet environnement m’a appris à aimer apprendre.
Comment définiriez-vous la place de l’ICP dans l’enseignement supérieur français ?
L’Institut catholique de Paris est une des « Cathos » de France, mais étant à Paris, elle bénéficie indéniablement d’une ouverture au monde –
des étudiants de nombreux pays suivent des cours à l’ICP et
cette dimension internationale compte – et de l’environnement intellectuel unique qu’offre la capitale.
J’en ai fait l’expérience : tout en étudiant à l’ICP, j’ai pu approfondir tel ou tel sujet de mes travaux dans d’autres lieux comme la Sorbonne, où je suivais les cours de Claude Tresmontant, avec Etienne Vetö, aujourd’hui évêque auxiliaire de Reims, le Centre Sèvres, où j’ai eu comme professeurs Paul Beauchamp en Bible ou Pierre-Jean Labarrière sur Hegel, ou le Collège de France, où j’ai suivi le cours de Claude Lévi Strauss.
L’ICP est en lien avec les autres lieux de savoir à Paris.
C’est une richesse, qui participe à la pédagogie qu’il propose et dont l’objectif n’est pas tant de remplir la tête des étudiants que de les rendre
capables de penser par eux-mêmes.
ICP Anne-Sophie Vivier-Muresan, doyenne de la Faculté de Théologie
La théologie universitaire dispensée au sein de la Faculté de théologie s’élabore en lien avec la vie des Églises et à leur service.
Depuis 136 ans, notre Faculté a formé des milliers d’étudiants. En les préparant à devenir des responsables qualifiés sachant approfondir et rendre compte de la foi chrétienne, nombre d’entre eux sont devenus des cadres de l’Église, en France et dans le monde.
Je me réjouis, au nom de la Faculté, que les enseignements dispensés aient accompagné Monseigneur Jean-Marc Aveline dans son parcours.
Je lui souhaite le meilleur pour la mission qui s’ouvre à lui.