Portrait

De la clinique à la coopération : Maeva, une vétérinaire engagée

Diplômée du DU Solidarités Internationales de l'ICP, Maeva Dumas a trouvé sa voie dans l'appui aux éleveurs africains grâce à une mission de 8 mois au Bénin avec Vétérinaires sans Frontières Belgique.

MAeva Dumas DU Solidarités internationales ICP

Le déclic d'une reconversion professionnelle

Diplômée en médecine vétérinaire de l'Université de Liège en janvier 2020, Maëva Dumas a d'abord suivi un parcours traditionnel en exerçant près de 4 ans en clinique vétérinaire après ses études. "J'ai toujours eu des envies de voyage très fortes et j'ai toujours été engagée dans la vie associative", raconte-t-elle. Dès ses études, elle s'implique dans des associations étudiantes défendant les droits des réfugiés, puis rejoint Greenpeace et Vétérinaires sans Frontières Belgique.

Après trois ans en clinique vétérinaire, Pression économique, consultations chronométrées… elle ne se reconnaît plus dans son métier. Engagée depuis ses études dans des associations, son envie d’agir autrement la pousse à explorer d’autres horizons. Ce quotidien, loin de l'idéal vétérinaire qu'elle s'était forgé, la pousse à remettre en question son choix professionnel.
Le déclic survient en novembre 2023 lorsqu'elle découvre le DU Solidarités Internationales proposé par Intercordia et l'ICP. "J'ai trouvé ça extrêmement intéressant d'avoir une expérience à l'étranger qui soit valorisée, pas juste un volontariat", souligne-t-elle. Cette formation lui apparaît comme le tremplin idéal pour concilier ses compétences vétérinaires et son désir d'engagement international.
 

8 mois au Bénin : une expérience transformatrice

La mission de Maeva au Bénin avec Vétérinaires sans Frontières Belgique s'est déroulée dans le département de l'Atacora, au nord du pays. Basée à Natitingou, elle a travaillé pendant 8 mois et demi sur des projets d'appui au développement rural. Au cœur de sa mission : le développement du Service Vétérinaire Privé de Proximité (SVPP), un dispositif innovant créé en 2002 par Vétérinaires sans Frontières. "Cela consiste en un appui à l'installation et au renforcement de cliniques vétérinaires rurales, tout en permettant aux agents communautaires de santé animale d'être renforcés dans leurs capacités", explique Maeva. Au Niger par exemple, 70% du territoire est couvert par ce service.

Loin des idées reçues sur l'aide humanitaire, Maeva retient la dimension relationnelle et les échanges mutuels. "On pense parfois quand on part à l'étranger qu'on est là pour donner, mais c'est don et contre-don. J'ai partagé mes compétences de vétérinaire européenne et j'ai beaucoup reçu en retour."
Elle a ainsi réalisé un travail d'accompagnement à l'installation d'une clinique vétérinaire avec un confrère béninois, expérience qui lui a révélé des capacités d'entrepreneuriat qu'elle ne se connaissait pas. "Si vous m'aviez rencontré il y a quelques mois, je vous aurais dit jamais je ne pourrai créer ma propre clinique. Aujourd'hui, je me sens capable de beaucoup plus de choses." Cette mission lui a permis de développer une confiance en soi nouvelle : "J'ai appris l'importance de s'affirmer dans sa profession, d'avoir un impact. Mes confrères béninois m'ont questionnée sur mon engagement au sein de l'ordre des vétérinaires, ce qui m'a fait réfléchir sur mon rôle professionnel."
 

Une nouvelle vision de l'engagement 

Maeva recommande cette formation à tous les professionnels, quel que soit leur âge. Elle insiste particulièrement sur la qualité de la préparation offerte par la formation : "Les 2 semaines de formation au départ, ça bouleverse. On part à l'étranger avec un bagage qui est déjà énorme. Cette formation nous donne beaucoup d'indicateurs pour vivre la mission." La dimension académique de la formation, notamment la rédaction d'un mémoire, constitue selon elle un élément essentiel du processus : "L'écriture d'un mémoire et la prise de recul qu'elle permet est très importante. Quand on rentre, on est chamboulé, et c'est justement l'équipe d'Intercordia et de l'ICP qui nous permet de prendre ce recul nécessaire."

De retour en France, Maeva a une vision claire de son engagement futur. Que ce soit dans la coopération internationale ou en France, elle souhaite se consacrer à l'appui aux éleveurs. "Si je repars en clinique, c'est pour l'appui à l'élevage, parce qu'on en manque cruellement", affirme-t-elle. Cette conviction s'appuie sur sa prise de conscience des difficultés du monde agricole français : "Tous les 3 jours, il y a un suicide d'éleveurs chez nous en France."

Le DU Solidarités Internationales d'Intercordia, proposé par l'ICP, forme chaque année des professionnels de tous secteurs à la coopération internationale. Cette formation associe théorie, pratique et mission terrain de 6 à 12 mois.

Publié le 17 juillet 2025 Mis à jour le 17 juillet 2025

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