Sœur Henriette Kaboré a étudié la théologie au sein de l'Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique (ISPC), à la Faculté de théologie de l'ICP. Diplômée d'un doctorat canonique en théologie, elle témoigne.
Quand on lui demande de résumer son parcours, elle évoque un
chemin de foi, d’étude et de mission, porté par une parole qui éclaire et transforme.
Une vocation née d'une parole
Religieuse dominicaine de la Présentation, originaire du
Burkina Faso, elle retrace aujourd’hui un parcours fait de
fidélité, d’appel intérieur et d’intelligence de la foi. Ce chemin, qui l’a menée jusqu’au doctorat en théologie à l’Institut Catholique de Paris, commence par une parole reçue :
«
Les missionnaires nous ont apporté l’Évangile, maintenant c’est à vous d’en être les porteurs dans le monde. »
Cette parole, prononcée par un évêque à la veille de sa confirmation, fut pour elle un déclic. Sans le savoir encore,
elle venait de recevoir une mission.
Au fil des années, elle fréquente les offices avec les
sœurs franciscaines, puis découvre les Dominicaines de la Présentation, à une dizaine de kilomètres de chez elle. C’est là que naît son désir de vie religieuse, séduit par la devise dominicaine : «
Contempler et transmettre le fruit de sa contemplation », et par le charisme de sa congrégation : la prière, le soin des malades, l’éducation des jeunes filles et la pastorale.
Elle entre dans la vie religieuse en septembre 1991 et prononce ses vœux en 1995.
Des bancs de l’ISPC aux réalités du terrain
Rapidement, ses supérieures perçoivent ses capacités intellectuelles. Après une
première formation en théologie pastorale au Cameroun, elle est envoyée à Paris en 2004 pour une année de ressourcement. Mais l’expérience va s’ancrer en 2005 : «
À l’ISPC, j’ai rencontré des enseignants passionnés, une manière vivante de faire de la théologie, où l’intelligence de la foi ne se sépare jamais de la vie. » Ce n’est plus seulement une formation, mais une vocation qui s’approfondit. Encouragée, elle poursuit ses études jusqu’au doctorat, malgré sa
nouvelle responsabilité de Prieure Vice-Provinciale d’Afrique.
Sa thèse, soutenue et publiée en 2021, porte sur l’histoire de la catéchèse au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest. Une recherche minutieuse, fondée sur des archives peu explorées, notamment à Rome, qu’elle entreprend comme un devoir de mémoire pour l’Église de sa région. «
Regarder le passé pour mieux vivre l’aujourd’hui de Dieu », dit-elle avec conviction.
Pour elle,
la catéchèse n’est pas seulement une transmission de contenus, mais une rencontre existentielle avec le Christ, ici et maintenant.
L’
Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique (ISPC) est un institut de la
Faculté de Théologie de l’Institut Catholique de Paris. Il forme des laïcs, religieux et prêtres à la mission pastorale et catéchétique, dans une perspective théologique et ecclésiale solide, ancrée dans les réalités du terrain. L’ISPC propose des formations universitaires (licence, master, doctorat) ainsi que des parcours adaptés aux acteurs de la pastorale. Il est reconnu pour son approche vivante et incarnée de la théologie, son ouverture au dialogue et sa dimension internationale.
Théologienne en action
À Marseille, elle continue à servir à la fois sur le terrain et dans la formation des catéchistes. Responsable diocésaine de la catéchèse, elle y enseigne également dans un collège et revient une fois par mois à Paris pour donner cours à l’ISPC. Elle y partage ce qu’elle a reçu :
l’amour de la théologie, le goût de la recherche, et la foi dans une Église vivante, missionnaire, en dialogue avec le monde.
Ce double ancrage – intellectuel et pastoral – est au cœur de son identité. «
J’ai appris à regarder les événements avec le regard de Dieu. Même dans les épreuves, la croix nous ouvre à la résurrection. Ce monde, avec ses douleurs et ses espérances, reste un lieu de présence de Dieu. » Pour elle, la formation reçue à l’ICP est profondément en phase avec les réalités du terrain, notamment en Afrique, où la catéchèse est un enjeu majeur.
Sœur Henriette ne cesse d’ouvrir des ponts entre
ses études, sa foi et sa mission. Elle est habitée par une conviction forte : «
La théologie n’est pas faite pour rester dans les livres. Elle est au service de la vie chrétienne. »
Son engagement dans l’Église d’aujourd’hui, en tant que femme, dominicaine et théologienne, en témoigne pleinement. À celles et ceux qui hésitent à se lancer dans des études longues, elle dit simplement : « Si Dieu vous en donne la grâce et que l’appel est là, n’ayez pas peur. Vous ne le faites pas pour vous, mais pour l’Église et le monde. »
Présidente du Bureau des élèves de l’ISPC pendant plusieurs années,
elle garde de l’Institut le souvenir d’un lieu d’étude mais aussi d’humanité : «
Un endroit où l’on peut vivre sa foi dans la simplicité, avec des relations fraternelles entre enseignants et étudiants. » Aujourd’hui, elle y enseigne à son tour, avec ce même esprit de bienveillance et de joie partagée.
Car pour elle, c’est bien cela qui donne sens à l’étude :
la douceur de la rencontre.