Descriptif
Les enjeux philosophiques ont toujours été intrinsèquement liés aux problématiques de la responsabilité : responsabilité envers soi, epimeleia heautou, comme la responsabilité envers les autres, par exemple pour celui qui gouverne la Cité. Le latin de responsabilité – respondere -, renvoi au fait de rendre compte de ses actes, ce que nous avons fait, comme ce que nous pourrions faire. Cette compréhension souligne en quoi nous sommes constitués par notre responsabilité : chaque acte accompli dont nous rendons compte à soi-même comme aux autres, constitue une partie de ce que nous sommes. Il est toutefois à se demander si les enjeux contemporains ne redessinent pas les cartes de la pensée classique de la responsabilité même si celle-ci demeure un socle incontournable. Cela est particulièrement saisissant dans un contexte inédit de montée en puissance de la technologie et de ses conséquences, alors même que la mondialisation ne cesse de s’accélérer avec différentes vues de ce qu’est la responsabilité. Nous apparaissons désormais responsables, ou du moins coresponsables, d’une action collective dont les développements et les effets nous sont largement inconnus ; voilà que se trouve brisé le cercle de proximité qui obligerait seulement à l’égard du proche et du prochain, et distendu le lien de simultanéité qui nous faisait comptable des effets immédiats, ou à tout le moins voisins, des actes que nous posons aujourd’hui. Les cadres de la responsabilité évoluent car notre agir ne demeure immuable : la responsabilité reste individuelle, mais s’étend de façon mondiale, elle est attribuable à un sujet, mais pas seulement.
Thème