PH103 Anthropologie I

- analyse critique d'un texte ou d'un problème,
- capacité d'argumentation,
- structuration de l'expression écrite ou orale,
- connaissance réfléchie de la tradition de la philosophie dans la diversité de son histoire.

L’animalité de l’homme

Étienne Bimbenet a analysé le zoocentrisme qui imprègne actuellement notre réflexion sur l’homme, au point que nous considérons son animalité comme ce qu’il y a en lui de plus essentiel, alors que son humanité ne serait qu’un appendice secondaire, ou simplement la coloration propre de son animalité (B. Morizot). Face à ce constat, on peut être tenté, pour défendre la dignité humaine, de nier l’animalité de l’homme, soit en disant qu’il n’est plus un animal, soit en affirmant qu’il ne l’est pas du tout, ou en tout cas que cela ne dit rien d’essentiel à son sujet. C’est au nom de cette dernière thèse que Heidegger critiquait l’antique définition de l’homme comme animal rationnel. Or c’est précisément une telle définition qui a permis jusqu’à la Renaissance incluse à la fois d’assumer l’animalité de l’homme et de le distinguer des bêtes, d’honorer le mystère de conjonction et le « mystère de séparation » (Agamben) qui le caractérise. Pourquoi y avoir renoncé ? Où faut-il placer le curseur de l’animalité en l’homme, corporellement, psychologiquement et intellectuellement ? Cela est-il seulement possible ?

Bibliographie : Étienne Bimbenet, Le Complexe des trois singes (Seuil, 2017), L’animal que je ne suis plus (Gallimard, 2011); Baptiste Morizot, Manières d’être vivant (Acte Sud, 2020) ; Heidegger, Lettre sur l’humanisme ; Grégoire de Nysse, La création de l’homme (SC 6) ; saint Augustin, La Genèse au sens littéral, livre VI (BA 48) ; Giorgio Agamben, L’Ouvert. De l’homme et de l’animal (Payot et Rivages, 2006.