Rencontre

Témoignage : le rôle des femmes dans l’Église catholique ne peut pas reculer

Elle veut faire réfléchir au rôle des femmes dans la mission de l'Église. Christiane Joly témoigne de son attachement à cette question.

Christiane Joly
Christiane Joly
Diplômée de la licence canonique de théologie, spécialisation œcuménisme, de l’ISEO
Christiane Joly , sœur de la communauté Saint-François-Xavier vient de publier Envoyés ensemble ! Le rôle des femmes dans la mission de l’Église (Éditions Saint-Léger, septembre 2023
illustration role femmes dans l'Eglise Dans le protestantisme, une femme peut être ordonnée pasteure depuis 1929

Une contribution au chemin synodal

Christiane Joly vient de publier Envoyés ensemble ! Le rôle des femmes dans la mission de l’Église (Éditions Saint-Léger, septembre 2023) et nous éclaire sur les raisons de son ouvrage.

Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir ce sujet ?

Cela fait longtemps que la question du rôle des femmes dans l'Église m'habite. J'aime l'Église et ce problème est récurrent depuis trop longtemps.
 
J'avais déjà consacré mon mémoire de licence canonique, spécialité œcuménisme, sous la direction de Michel Stavrou (doyen de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge) à la question de la possibilité de l’ordination des femmes orthodoxes et catholiques. Ce sont ensuite des laïcs de mon entourage qui m’ont poussée à en faire un livre pour mieux appréhender les débats du Synode autour de cette question.
 
Dans mes recherches, j’ai découvert l'entrelacement entre les traditions orthodoxes, catholiques et protestantes sur ce sujet. Le mouvement féministe a été lancé par Elisabeth Cady Stanton, féministe américaine d’origine épiscopalienne qui publie la Bible des femmes (Woman’s Bible), en 1895 mettant en lumière le caractère machiste des traductions du texte biblique. La Commission biblique pontificale – catholique donc – a trouvé que cette lecture féministe de la Bible apportait une vision nouvelle et importante du texte.
 
Plus tard, en 1920, le monde orthodoxe voyant que les choses bougeaient du côté protestant et catholique, organise un synode comportant la question de l’ordination des femmes.
Le sujet n’aboutira pas, mais la réflexion avance.
 
Le diaconat féminin sera restauré dans l’orthodoxie en 2016. Côté protestant, la première femme pasteur est ordonnée en 1929. Les responsables protestants le justifient en s’appuyant sur le caractère global du statut apporté par le Christ à l’anthropos. Le pastorat des femmes incarne donc cette vision de l’humain.
 

Votre livre est une contribution au chemin synodal en cours dans l’Église catholique

Je pense qu’on ne peut pas revenir en arrière après ce qui s'est dit et vécu lors de la première session du synode en octobre dernier.
 
Mon espoir n'est pas que l’on ordonne nécessairement des femmes prêtres, mais que l'on trouve la meilleure manière pour que les deux poumons de l’Église que sont les hommes et femmes regardent ensemble le monde.
 
Je veux faire réfléchir au rôle des femmes dans la mission de l'Église, et pas à leur “place”, bien rangée dans un système… On ne voit pas les questions de la même manière lorsque des femmes participent à la réflexion à égalité de responsabilité.
 
Il faut maintenant aller plus loin dans un regard œcuménique, déchiffrer cet entrelacement des grandes traditions chrétiennes et voir comment elles s’enrichissent les unes par les autres au fil du temps.
 
Propos recueillis par Raphaël Georgy.
 

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Lieu(x) :
Publié le 17 janvier 2024 Mis à jour le 23 janvier 2024

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