Déléguée diocésaine au dialogue interreligeux, elle témoigne des apports de la formation à l'ICP

Se spécialiser dans la connaissance de l'islam et des musulmans

Entretien avec Anne-Hélène Jarry, déléguée diocésaine au dialogue interreligeux à Tours.
 
Anne-Hélène Jarry a suivi les enseignements du diplôme Universitaire "religions du monde. Histoire et théologie – Axe Islam" proposé par l'Institut de Sciences et de Théologie des Religions. Elle témoigne :

Que vous ont apporté les enseignements dans vos fonctions de déléguée au dialogue interreligieux ?

Anne-Hélène Jarry : J’ai suivi le DU Les religions du monde. Histoire et théologie – Axe Islam, afin de me préparer à cette mission. Nous avions des cours pour connaître la religion musulmane et des cours pour comprendre comment, au cours de l’Histoire, l’Église a considéré les autres religions, jusqu’à aujourd’hui et toute la réflexion théologique du dialogue et de la rencontre. Cette formation et la mission sur le terrain sont donc complémentaires et se nourrissent l’un l’autre. Je crois même que c’est surtout la rencontre avec les musulmans qui m’ont aidée à faire ce DU !

Comment avez-vous géré la formation et votre mission ?

A-H.J. : La formation m’a demandé beaucoup de travail, d’autant plus que je n’avais aucune formation théologique. En revanche, je l'ai trouvé accessible et très progressive. Il faut bien sûr fournir un travail personnel de lecture et se tenir au courant de l’actualité. Tout cela est complémentaire.

Qu'avez-vous appris  ?

A-H.J. : Il m’était indispensable de me poser la question du dialogue : pourquoi voulons-nous en tant que chrétiens entrer en dialogue avec d’autres croyants ? qu’est-ce qui motive une telle attitude ? Il ne suffit pas de dire qu’on est tous fils et filles d’Abraham, qu’on veut la fraternité et plein de bons sentiments. Il faut vraiment creuser la question et acquérir la conviction profonde que le dialogue est le lieu où Dieu se dit.
 
Et pour cela, on a besoin de travailler les écrits du magistère et des théologiens. Bien comprendre la position de l’Église, permet d’avoir une juste posture et d’éviter les écueils de bavardages amicaux ou de syncrétisme. Cela permet aussi de répondre aux éventuelles critiques des catholiques qui jugent le dialogue inutile. Ce travail aussi m’a conforté dans ma mission, car il s’agit bien d’un envoi en mission, non pas en mission pour convertir l’autre, mais pour être, en dialogue, visage d’évangile.
 

Ce travail aussi m’a confortée dans ma mission... pour être, en dialogue, visage d’évangile.

 
J’ai vécu cette formation comme une grande ouverture avec la découverte de l’islam, une religion, une civilisation, une pensée, la langue arabe… tout cela était nouveau pour moi.
 
L’apprentissage universitaire permet d’entrer plus facilement en dialogue, car on y vit un décentrement et on acquiert une base de connaissances solide. Une ouverture sur l’Église aussi grâce aux échanges avec les autres étudiants, certains sont délégués comme moi, d’autres séminaristes, d’autres encore choisissent des modules de ce DU pour leur cursus de licence canonique… ils viennent des 4 coins du monde ! et parfois même d’autres religions : des musulmans, une bouddhiste… la salle de classe c’est déjà un petit laboratoire de dialogue.
 

La salle de classe c’est déjà un petit laboratoire de dialogue.

 
Aujourd’hui, avec l’équipe de Dialogue sur Tours, nous proposons une formation au dialogue et à l’Islam. Jamais je n’aurai pu construire une telle formation sans les enseignements reçus à l'ISTR. C’est tout l’agenda de l’année qui est nourri de cette formation. Je dirai même que ma foi quotidienne est nourrie de cette formation. L’envie de rencontrer l’autre en vérité occasionne une conversion personnelle.
 
Au contact de l’autre et en essayant de comprendre sa foi, je réveille (et c’est le cadeau de cette formation !) ce qui anime la mienne.

Propos recueillis par ML Morbieu.