Un nouveau départ à 72 ans
À plus de 70 ans, Claude Vidal n’avait jamais envisagé de
reprendre des études. C’est pourtant ce qu’elle a fait, sur les conseils d’un prieur de la communauté Saint-Jean. Ce qui l’attendait à
l’Institut de Science et de Théologie des Religions (ISTR) de l’ICP allait bouleverser sa vision du monde.
Témoignage d’une femme qui a su allier humilité, audace et ouverture à l’autre.
Ancienne cheffe d’entreprise dans le textile, diplômée d’HEC, Claude Vidal pensait sa vie professionnelle derrière elle. M ais il y a huit ans, sur une suggestion inattendue du prieur de sa communauté, elle pousse la porte de l’ICP. «
J’étais craintive, je me disais : qu’est-ce que je fais là ? » se souvient-elle.
Pourtant,
l’accueil chaleureux et la bienveillance des équipes de l’ISTR, en particulier du Fr. Pisani, la convainquent immédiatement. Elle rejoint alors le
Diplôme universitaire approfondi de sciences et théologie des religions – axe : Connaître l’islam et rencontrer les musulmans,
une formation qui deviendra un véritable tournant dans sa vie.
L'axe « Connaître l’islam et rencontrer les musulmans » permet d’acquérir des connaissances solides sur l’islam (histoire, textes, théologies, pratiques, actualité) tout en développant une capacité de dialogue serein et fécond avec les musulmans.
Grâce à une approche universitaire interdisciplinaire, il forme à une compréhension lucide des enjeux contemporains et favorise la rencontre, la coopération et le discernement, notamment dans les contextes pastoraux ou interculturels.
Exigence et bienveillance : la pédagogie de l'ISTR
Très vite, Claude découvre une pédagogie «
révolutionnaire ». «
À l’ISTR, on ne vous demande pas d’apprendre par cœur, on vous invite à penser autrement. » Le cadre d’étude est exigeant, mais toujours porté par l’encouragement : «
Quand je faisais un devoir, on me disait : “C’est bien, mais essaie de voir autrement.” » Pour cette étudiante senior, ce fut une véritable stimulation intellectuelle.
Une vie étudiante haute en couleurs
À l’ISTR, Claude n’est pas isolée. Bien au contraire. «
Les étudiants m’ont accueillie avec une gentillesse incroyable ! » Des liens forts se tissent, notamment lors des
séminaires et grands voyages organisés par l’institut : plusieurs séjours au Maroc, à l’Institut Al Mouwafaka de Rabat, un voyage universitaire en Iran avec de belles rencontres avec des enseignants et des étudiants iraniens, des échanges riches qui nourrissent la réflexion et la foi.
Pierre Loti, l’arabe et l’islam : un mémoire pour comprendre
Portée par l’enseignement reçu, Claude rédige un mémoire intitulé Pierre Loti et l’islam, dirigé par Mme Marin et soutenu par Emmanuel Pisani. Elle obtient la mention Bien.
«
J’ai appris l’arabe à l’ICP avec un formidable professeur Philippe Tabbara, puis j’ai continué à la mosquée de Roanne. » Cette plongée dans la langue et la culture musulmane bouleverse ses représentations. «
Avant, je n’avais aucune connaissance de l’islam. Pour moi, c’étaient des gens d’un autre monde… Aujourd’hui, je vois des frères. »
L’ISTR, une formation indispensable pour notre société
Claude est catégorique : «
Cette formation est vitale. On ne peut pas vivre en paix dans un pays avec 7 millions de musulmans sans compréhension mutuelle. » Elle souligne
l’importance du discernement, de la rencontre, et dénonce les peurs nourries par l’ignorance.
«
Le djihad a pour premier objectif la lutte personnelle contre sa mauvaise conduite. »
« Se lancer, c’est possible, même à 80 ans ! »
Son message pour ceux qui hésitent à reprendre des études ? «
Il faut beaucoup d’humilité, accepter sa lenteur, relire cinq fois un texte avant de l’assimiler et le de le retenir… Mais c’est possible. Il faut se frotter à cette lenteur avec patience. » Claude, qui vit à Roanne, a suivi les cours trois jours par semaine (lundi, mardi et mercredi), pendant sept ans, en prenant le train chaque dimanche soir pour Paris.
Transmettre, toujours
Aujourd’hui, Claude souhaite s’investir dans l’association
Ensemble avec Marie,
s’engage dans le dialogue islamo-chrétien à la prison de Roanne, et continue de tisser des liens entre croyants. «
Je ne vais pas chez mes amis pour leur parler de Mohammed, mais je rends ce que j’ai reçu. » Son rêve : que l’enseignement de l’ISTR serve de pont entre les cultures, entre les personnes, entre les croyants.
Une conclusion pleine d’espérance
«
L’ISTR m’a ouvert une brèche vers l’islam, m’a sortie de mon sectarisme, m’a rendue plus humaine. » Aujourd’hui, Claude se sent habitée d’une mission : «
Ne pas garder pour moi ce que j’ai reçu. Rendre ce savoir vivant. »