Portrait

Theodora Domenech, une philosophe en Erasmus

Retour sur l'expérience Erasmus en Allemagne de cette étudiante lors de sa deuxième année de Licence de philosophie.



Pourquoi avez-vous choisi d'étudier un semestre en Allemagne ?

Je me suis dit qu'il n’y avait pas de meilleures conditions pour l’apprentissage d’une langue que l’immersion directe dans le pays : la langue cesse d’être une étude abstraite mais bien quelque chose de vivant. Il ne s’agit pas seulement d’une histoire de vocabulaire ou de grammaire, mais d’une logique et structure de pensée. Il est indispensable, pour entrer dans la logique d’une langue, de se défaire de ses habitudes, cesser le mot à mot pour accéder à la véritable altérité d’une histoire et d’une culture.



Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Je me suis forcée à ne plus avoir affaire qu’à l’allemand. Pour cela, j’utilisais exclusivement les dictionnaires DUDEN pour étrangers. Je lisais sans cesse à voix haute, des nouvelles ou des contes, afin de m’imprégner du rythme de la langue : il m’importait peu au début de comprendre ce que disait le texte, je lisais parfois des pages entières sans comprendre. Je lisais avec l’intonation un peu exagérée d’une répétition de théâtre. Cet exercice très simple a été capital. Très vite j’ai réussi à m’intégrer à des groupes d’étudiants allemands. Je faisais semblant de tout comprendre, et très vite je n’ai plus eu besoin de jouer, je comprenais. Le vocabulaire des étudiants est assez limité, on se fait très vite aux expressions courantes.

Pour la philosophie, ça a été un peu pareil. Après avoir assimilé les quelques expressions propres au jargon philosophique et intégré la structure de composition de cette langue, c’est allé tout seul. Je ne dis pas que c’était facile. Je reconnais que, pour ce qui est de la philo, je n’ai jamais autant travaillé de ma vie qu’en l’espace de ces derniers mois. Mais je mesurais chaque jour les fruits de mes efforts. Les profs voyaient que je faisais tout ce que je pouvais, çà leur a beaucoup plu ; ils ont alors tout fait pour m’aider.



Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent partir à l’étranger ?

Se fixer d’emblée cette exigence : être à l’affût des moindres conversations, grignoter par ci par là des expressions, des mots, être toujours à l’écoute et en perpétuel effort.

N’avoir qu’un objectif : assimiler le plus possible en un minimum de temps, de sorte qu’un dialogue s’instaure, avec les étudiants d’une part, mais aussi avec les textes qu’il faut lire, comprendre et commenter dans les plus brefs délais.



Qu’est-ce que ce voyage vous a apporté ?

Je devais organiser mon temps avec une plus grande efficacité j’ai dû mettre en place une vraie méthode de travail, qui me manquait jusqu’alors. Je devais également être à l’écoute de l’autre, suspendre tout jugement et être ouverte à toute sorte d’échanges : c’est ainsi que j’ai appris à connaître des gens que je n’aurais peut-être jamais côtoyés en des circonstances différentes.

Ce fut un enseignement d’humanité, autant que de rigueur de travail.

Certains seront peut être effrayés de lire que le travail occupe pour moi une place considérable. Cela s’inscrit dans un objectif très personnel, et je ne voudrais surtout pas décourager ceux qui attribuent moins d’importance à cette dimension. Il suffit de voir le film « l’auberge espagnole » pour savoir qu’il y a d’autres manières de vivre cette expérience.
A chacun son rythme, mais à tous je dis : allez-y !

Publié le 5 novembre 2008 Mis à jour le 20 novembre 2023

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